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Discriminations et racisme, Arthur

Entretien avec Arthur, 27 ans

Le racisme, c’est quelque chose de poisseux, qu’on croit parfois avoir chassé, mais qui revient toujours insidieusement, au détour d’une phrase, d’un regard.

Ce sont ces petites phrases, ces regards lourds qui ne méritent que des haussements d’épaule, surtout quand on pratique le basket-ball de haut niveau et qu’on domine d’une tête la plupart de ses contemporains. Ce sont ces regards, ces remarques assassines qui ont, depuis longtemps, empoisonné la vie d’Arthur. En savoir plus…

Paroles de migrants, Sow

La rapidité du débit de parole de Saifoulaye Sow, Sow pour ses amis, fait vite comprendre qu’il a comme une revanche à prendre sur la vie, qu’il n’a plus le temps d’attendre. En savoir plus…

Paroles de migrants, Bintou

Bintou

Avec un père Ouolof et une mère Peule, ou encore un père Sénégalais et une mère Guinéenne, Bintou, née en 1979, est confiée rapidement à sa grand-mère maternelle en Guinée. Cette dernière, alors que Bintou a tout juste 3 ans, prend l’initiative de la faire exciser.

Son père, non consulté ni prévenu, est naturellement furieux, récupère sa fille et Bintou peut alors faire des études au Sénégal, apprendre le français, et se marier sans aucune contrainte, à 26 ans, avec un cousin. Bintou bénéficie alors d’une certaine autonomie en gérant un petit commerce croisé entre le Sénégal et la France, faisant de nombreux aller et retour entre Paris et Dakar. Elle donne naissance à 3 enfants, deux garçons et une fille, et tout semble aller pour le mieux jusqu’au jour où la tradition la rattrape, le jour où sa belle-mère décide de faire exciser sa petite fille, 7 ans. En savoir plus…

Paroles de migrants, Hadiyetou

Hadiyetou

Un soir, son oncle maternel lui annonce : « Prépare-toi, tu pars demain en Europe, ce n’est pas ici que tu vas trouver un avenir ».

Hadiyetou a 14 ans, il ne pense pas un instant à contester la décision familiale, son oncle a payé le voyage d’avance et il se retrouve dès le lendemain dans un bus, quittant la Mauritanie, le pays de son enfance, pour rejoindre le Mali, son pays de naissance. De là, jeté avec d’autres jeunes dans un pick-up Toyota, va commencer un périple infernal pour traverser le Mali, l’Algérie, et la Lybie, où il va retrouver son frère, de deux ans son aîné qui, lui aussi, malgré des problèmes de santé, a pris la route de l’Europe. En savoir plus…

Paroles de migrants, Diallo

Diallo

Diallo, jeune femme de l’ethnie Peule, née en Guinée Conakry, avait quelques atouts en main, mais cela ne suffisait pas pour lutter contre le poids des traditions. Fille d’un commerçant relativement aisé de Conakry, elle avait pu suivre des études, à l’école coranique tout d’abord puis dans une école privée jusqu’au bac, et avait obtenue un diplôme de maîtrise appliquée à la gestion.  Elle était alors soutenue, moralement et financièrement, par son père, son seul confident.

C’était le côté « bonnes cartes », mais le soutien de son père n’est pas suffisant pour s’opposer à la « famille », une grande fratrie de 17 enfants où les garçons bénéficient naturellement d’une grande liberté mais où les filles subissent la loi des gardiennes de la tradition, des grand-mères, tantes, épouses diverses. En savoir plus…

Paroles de migrants, Miya

Miya

Est-ce vraiment le racisme que Miya découvre à l’âge de 9 ans quand, née à Madagascar, elle déménage avec ses parents sur l’île de la Réunion et se souvient très bien de cette petite phrase que lui lance une fille de sa classe: « Retourne chez toi » ! En savoir plus…

Exposition peinture Jean-Jacques Grand 20 septembre – 5 janvier 2022

Dans l’Ether & Sous les mers

Au Crédit Mutuel de Bourg la Reine, depuis le 20 septembre et jusqu’au 5 janvier 2023, Jean Jacques Grand nous invite à découvrir son bestiaire personnel, curieux animaux capturés « Dans l’éther et Sous les mers ». Calligraphie de Jean-Jacques Grand
Adhérent de l’ADS depuis plusieurs années, Jean-Jacques est l’auteur du logo de l’association pour laquelle il a animé de nombreux ateliers de calligraphie ou de peinture.

Voyageur immobile, l’artiste habite toujours la maison où il est né, à Bourg-la-Reine, au fond d’une petite impasse. C’est un ancien élève de l’école Estienne, calligraphe réputé à l’époque où le public pouvait différencier une lettre dessinée d’un caractère numérique. Dessinateur depuis toujours, il se consacre à la peinture depuis quelques décennies, puis plus récemment à l’écriture.
Avec ses dessins, ses calligraphies, ses peintures ou la rédaction de petites nouvelles, hors de toute école répertoriée, il s’agit toujours pour lui de fixer sur une page blanche une expression spontanée, expression que cette page blanche, complice, semble attendre depuis toujours.
La lecture des œuvres de Jean Jacques Grand demande un petit effort, presque un apprentissage. Il ne faut pas chercher immédiatement ce que ça représente, il faut lentement apprécier les équilibres, les harmonies de couleur, la dynamique d’un trait, la puissance des vides…C’est une peinture, pas une photo censée représenter, dans le cas de cette exposition, un insecte, un poisson, ou de curieux organismes des profondeurs, autant d’animaux étranges qui, non encore découverts, sont nés spontanément dès le premier jet de pinceau de l’artiste. En savoir plus…

Paroles de migrants, Mamadou

Mamadou

Mamadou, à quinze ans, va voir sa vie prendre brutalement une direction imprévue sans qu’il en soit vraiment préparé. Son père, agriculteur dans la région de Kayes, dans l’ouest du Mali, va tomber malade et connaitre des difficultés pour subvenir aux besoins de sa famille. Un cousin, exerçant son métier de commerçant entre le Mali et la Mauritanie, propose alors au jeune Mamadou de l’aider à entreprendre le voyage vers l’Europe, le seul espoir de beaucoup de jeunes lorsque la vie devient trop difficile au pays.
Le voyage commence donc par la Mauritanie, au nord de Kayes, là où son cousin le confie à un « contact » qui lui fait traverser le pays en bus, toujours vers le nord et, deux jours après, lui fait franchir la frontière du Maroc, clandestinement, en traversant à pied une forêt, se souvient Mamadou.

La traversée du Maroc, à pied ou en bus, le conduit ensuite à Nador, tout au nord du Maroc, sur les bords de la Méditerranée, une ville voisine de l’enclave espagnole de Melilla.
Là, après 3 semaines d’attente dans une forêt, un zodiac embarque les candidats au départ pour les mener juste en face, à quand même quelque 150 km à vol d’oiseau, sur la côte espagnole.
La traversée se terminera sur le bateau de garde-côtes espagnols, dans les eaux territoriales espagnoles, qui conduisent les jeunes à Malaga, où ils subissent un premier interrogatoire. Un premier tri qui va faire comprendre à Mamadou qu’il est devenu un MNA, un mineur non accompagné.
Il va rester 2 mois à Malaga, dans un camp pour mineurs, un séjour dont il garde un plutôt bon souvenir, bien logé, bien nourri, avec seulement un ennui pénible, dans une inactivité totale, à part taper de temps en temps sur un ballon. Mamadou peut quand même se faire de nouveaux copains, dont l’un lui procure pour la première fois une sorte de but : aller en Allemagne, où son nouveau copain a un ami et où, parait-il, il est très facile de trouver un travail bien rémunéré.
Avec deux de ses nouveaux amis, il décide donc de quitter clandestinement le camp et grimpe dans le premier train partant vers le nord, vers l’Allemagne. Sans papiers, sans argent, ne parlant aucune autre langue que le Soninké, Mamadou et ses copains se retrouvent à la frontière française, à Bayonne, où ils sont confiés à la Croix-Rouge.
Déjà aguerris, les trois amis repartent discrètement au bout de trois jours, remontent dans un train sans connaitre vraiment sa destination et, cachés la plupart du temps dans les toilettes, arrivent enfin à Paris où, totalement affamés, ils doivent descendre du train pour tenter de trouver un peu de nourriture. Une vieille dame charitable va heureusement les nourrir et les conduire à la Croix-Rouge qui va rapidement les prendre en charge et les loger dans un hôtel.
Le voyage fut sans doute plus dur et angoissant que ce que raconte Mamadou mais, par pudeur, il préfère certainement en livrer un récit édulcoré, sans doute pour ne pas donner l’impression de se plaindre, une sorte de remerciement envers les inconnus qui l’ont aidé au cours des dernières semaines.
Mamadou semble s’être laissé porter par le hasard, sans savoir vraiment ce qu’il attendait, ni surtout ce qui l’attendait, en quittant le Mali. Dans son cas, le hasard semble avoir été favorable.
Il se retrouve finalement dirigé par la Croix Rouge vers un foyer de la porte d’Orléans. Et c’est là seulement qu’il va s’autoriser une « faiblesse » et se mettre un jour à pleurer. Il peut enfin se confier à un psychologue de la Croix Rouge : le Mali lui manque, sa famille lui manque, il n’a pas pu parler à sa mère depuis des mois. De toute façon, il n’y a pas de téléphone chez ses parents, il n’a aucun numéro, aucun contact… Mais il veut parler à sa mère… Et la solidarité s’organise alors, un groupe de jeunes maliens du foyer vont le soutenir, l’interroger, trouver un contact avec des voisins de sa famille, sa mère est prévenue et ils peuvent enfin se parler…ce qui pourrait être un conte de fée continue.
Mamadou est enfin placé dans une famille d’accueil, retrouve une scolarité normale, trouve un avenir possible après un stage de couvreur zingueur qui lui fait rencontrer un patron bienveillant qui l’oriente vers une école des Compagnons du Devoir où il va préparer un CAP en alternant semaines de formation et travail rémunéré.
Mamadou a maintenant un vrai projet : son CAP obtenu, il préparera un bac pro en couverture zinguerie qu’il obtiendra, il en est sûr, après deux ans d’études.
Devenu majeur, il lui faut aussi penser à son statut, à ses papiers, et, toujours proche de sa famille d’accueil, toujours aidé par une conseillère de l’ASE, l’Aide Sociale à l’Enfance, trouver enfin une place dans un FJT, Foyer pour Jeunes Travailleurs, pour devenir véritablement indépendant, et pourquoi pas s’offrir un voyage au Mali, à Kayes, pour enfin embrasser sa mère.

Avril 2022

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Paroles de migrants, Maryam

Maryam


Maryam est née en 2003 dans une famille chrétienne aisée de Mossoul. Son enfance de petite fille heureuse sera de courte durée. En 2007, pour fuir la terreur de l’avancée des djihadistes, toute la famille, la mère, le père, l’oncle, et les 5 enfants se réfugient à Qaraquosh, la plus importante ville chrétienne d’Irak. Mais le refuge n’est que temporaire. En 2014, la terreur s’invite dans la famille : ses parents doivent payer une rançon pour retrouver leur plus jeune fils, âgé de 5 ans, kidnappé par une bande armée de Daech. Il sera heureusement libéré dès le lendemain.
C’est cette même année que les djihadistes de « l’état Islamique » s’emparent de Mossoul et dictent leur loi dans la région, persécutant en particulier les chrétiens. La famille doit alors reprendre sa route vers Erbil, une des plus vieilles villes de l’histoire du monde, habitée sans interruption depuis au moins 4000 ans, une ville plus sécurisée par la proximité d’une grande base américaine. Maryam a 11 ans.
L’ainé des enfants, un des trois frères de Maryam, décide alors de tenter sa chance et, avec quelques amis, part en voiture vers la frontière turque, passe en Grèce avant de terminer son voyage à pied pour franchir clandestinement, quelques semaines plus tard, la frontière française.
La famille restera 6 mois sans recevoir de nouvelles puis apprend enfin que ce grand frère a pu obtenir un statut de réfugié en France et a débuté le long travail d’intégration de tous les exilés. Encore sans papiers, pensant à sa famille, il a commencé des démarches pour un regroupement familial et pourra ainsi, en 2018, accueillir à la descente de l’avion ses parents, son second frère et sa soeur Maryam, 15 ans. Son autre soeur, son petit frère et son oncle ont pour leur part préféré rester en Irak.
Si l’accueil réservé en France est assez généreux pour les réfugiés irakiens chrétiens après la bataille pour la reprise de Mossoul, l’intégration ne sera pas plus facile pour autant.
Maryam se retrouve au collège La Fontaine, à Bourg la Reine, dans une classe pour étrangers, en compagnie de Portugais, d’Espagnols, et de nombreux Africains de différents pays, aucun ne parlant français. Si son parcours scolaire est satisfaisant, CAP « commerce » à Meudon, puis Bac Pro « accueil » au lycée d’Asnières sur Seine, son intégration est plus difficile. L’apprentissage du français lui demande d’énormes efforts, et, sans parler de harcèlement, les contacts avec les autres élèves sont difficiles, elle ne se sent pas vraiment acceptée.
L’association Habitat et Humanisme a logé sa famille dans un grand appartement de Bourg-la-Reine, partagé avec 3 autres familles de migrants, une famille syrienne et deux familles africaines. L’appartement ne possède qu’une seule cuisine et, malgré la bonne volonté de tous, la cohabitation est naturellement pénible, en particulier à partir de la période de confinement liée au covid.
La famille habite maintenant à Chatou, dans des conditions bien meilleures, mais Maryam sait bien qu’il ne s’agit que d’une étape supplémentaire.
Son grand frère a obtenu enfin la nationalité française et a consacré ses premières vacances de citoyen français à un voyage en Irak, à Erbil, pour rendre visite à son petit frère et à la famille de sa soeur, qui étaient restés en Irak lors de l’exil de 2018. L’oncle, l’aîné de la famille, était malheureusement décédé.
Pour Maryam, qui a aujourd’hui 19 ans, un tel voyage en Irak est encore impossible. Paradoxalement, son espoir secret est d’acquérir la nationalité française pour pouvoir, en toute sécurité, retourner enfin en Irak, son pays, le pays de ses ancêtres.
Elle a entendu dire que la plupart des églises détruites pendant la période de la terreur djihadiste ont été reconstruites. La vie reprend là-bas, et son seul et plus grand rêve est de retourner dans son pays pour, qui sait, y fonder sa propre famille.

Mars 2022

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