Solidarité

Témoignage d’une bénévole, Catherine Enault, Décembre 2024

Comment devient-on bénévole auprès d’ADS ?

Vous avez un peu de temps à partager, vous êtes bien sûr concerné par la vie sociale, vous ressentez peut-être une envie de vous sentir utile et, par hasard, vous croisez la route de Wei Ying Thang, l’éminente cheville ouvrière d’ADS. Il y a fort à parier que, quelques semaines plus tard, vous aurez trouvé une nouvelle raison de vous lever le matin.

C’est en s’époumonant dans la même chorale que Wei-Ying et Catherine Enault se sont rencontrées. Catherine, jeune retraitée après une carrière d’infirmière en psychiatrie, était soucieuse de rester active en s’occupant des autres, avec des activités sportives et même une petite expérience d’alphabétisation à Arcueil, trop vite interrompue par la covid.

Cette rencontre avec Wei-Ying semblait donc prédestinée et il ne fallut pas longtemps pour qu’une réunion, en avril 2023, soit organisée avec Christine, responsable du groupe Molière d’ADS, chargé en particulier de l’insertion par la pratique du français, écrit ou oral, pour les jeunes dont ce n’est pas la langue maternelle.

Dès le mois de juillet, Catherine avait rendez-vous avec une éducatrice de l’association Esperem et se retrouvait bientôt face à deux jeunes d’environ 16 ans pour le premier de ses deux cours d’alphabétisation hebdomadaires d’une heure et demi. Cette première mission se termina au bout d’un mois et demi, les deux « élèves » partant en formation.

Les cours ne reprendront qu’en avril 2024, cette fois-ci pour un groupe de six adolescents. N’ayant aucune directive particulière, Catherine prend l’initiative de demander aux jeunes ce qu’ils désirent. Le groupe, plutôt dynamique, s’entend rapidement pour demander une aide à l’écrit en français, seul l’un d’entre eux souhaitant une aide en calcul. Pas de problème, le cours collectif, en dehors de dictées et autres exercices d’écriture, va donc intégrer quelques exercices de calcul. Ces jeunes, qui maitrisent assez bien le français, préparent pour la plupart un CAP ou sont en recherche d’un premier emploi. Ils s’essayent donc avec sérieux à la maîtrise de l’écriture et les échanges avec Catherine se passent plutôt bien.

Le principal problème, pour Catherine, réside dans la difficulté de préparer ses interventions, ne sachant pas toujours à l’avance à combien d’élèves elle va s’adresser.  Ces jeunes, tous volontaires, n’ont aucune véritable obligation de suivre ces cours. Viennent ceux qui peuvent, ceux qui veulent, et si ces absences sont toujours justifiées par une autre occupation, les imprévus ne sont pas rares. Seule l’équipe d’Esperem prend parfois le temps de passer un coup de fil pour secouer les absents.

En novembre 2024, la nouvelle « rentrée » n’intéresse plus que 3 « élèves » et les cours « collectifs » se transforment finalement en 2 cours individuels à la demande des responsables d’Esperem, un des trois élèves, ayant réussi son CAP, ne se consacrant plus qu’à la recherche d’un emploi. Ce passage en cours individuels avait de toute façon la préférence de Catherine.

Entre temps, en décembre 2023, ADS avait confié à Catherine une autre mission auprès du REP (Relais enfants/parents). Là, il s’agissait de donner des cours d’alphabétisation à deux jeunes femmes seules, souffrant d’une maladie chronique et soignées en France. Le fait que l’une d’elles ne savait ni lire, ni écrire, ne facilitait pas vraiment le cours « collectif » de deux personnes, mais les bénévoles savent toujours faire face.

« La principale qualité à laquelle doit s’astreindre un ou une bénévole, reconnait Catherine, c’est de savoir continuellement s’adapter à de nouvelles situations imprévues, Il faut toujours faire avec … Faire parfois avec le manque de motivation des jeunes que l’on doit aider, souvent avec leur manque d’assiduité. Faire avec l’impossibilité de préparer sérieusement des « cours » quand on ignore le nombre « d’élèves » que nous allons trouver. Faire avec des jeunes qui semblent ne donner aucune suite à nos demandes. Faire avec une communication parfois difficile avec le personnel de certaines structures aidées, au fait que les questions posées peuvent être laissées lettre morte ».

Au sein même d’ADS, Catherine souhaiterait que des réunions régulières avec les autres bénévoles du groupe Molière, ou même des autres groupes, soient instituées, au moins pour échanger quelques expériences, mais la diversité des calendriers de chacun rend la chose difficile.  Les échanges ne se font qu’à l’occasion, individuellement. Elle a pu connaître les bénévoles intervenant sur le même site début novembre, le jour de la répartition des missions de chacun, le point de départ à de futurs échanges peut-être.

Malgré ces « petits » problèmes, le besoin de se sentir utile, pour Catherine, reste intact, tout comme la stimulation intellectuelle née des réussites comme des échecs. Reste enfin, essentielle, la reconnaissance et les remerciements que lui adressent les jeunes et les éducateurs des structures aidées.

Fête de fin d’année chez Cités-Caritas, 30 novembre 2024

Une pincée de contes, un zeste de poésie, un souffle de magie, mélangez le tout, vous obtenez rires et sourires

Joyeux remue-ménage le 30 novembre dans le local que se partagent à Bagneux le Secours Populaire, le Secours Catholique et la Croix -Rouge. Cités-Caritas y fêtait la fin d’année avec ses familles hébergées. ADS avait apporté sa contribution en invitant le photographe et conteur Amadou Gaye, et en préparant les enfants à un petit spectacle.

Le repas à peine terminé, les conversations animées des parents furent couvertes par les cris des enfants qui venaient rapidement s’asseoir au sol devant une chaise haute où patientait Amadou Gaye,  attendant le silence pour interpréter de sa voix chaude et rocailleuse quelques contes et poèmes.

« Je vais vous parler d’un petit enfant noir qui ne voulait plus aller à l’école… » C’était parti, le silence s’était établi et les enfants, les yeux écarquillés, fixaient le conteur.

Après un dernier conte sur la création du monde, avec des enfants de toutes les couleurs, noirs, blancs, rouges, jaunes, verts et bleus, un dernier chant des rameurs et pêcheurs de la côte, repris en cœur par les parents et les enfants,  les enfants se sont regroupés au fond de la salle pour former, coiffés de magnifiques chapeaux pointus, un défilé plein de couleur, sur la musique de l’apprenti sorcier.personne debout face à des enfants qui l'écoutent
Le moment tant attendu de leur spectacle, préparé en atelier avec 4 bénévoles de l’ADS, Catherine, Sylvie, Daniel et Wei-Ying, était enfin arrivé ! Ils ont rejoint une petite table où l’un d’eux, coiffé d’un superbe chapeau haut de forme, a provoqué rires et applaudissements en exécutant son premier tour de magie. Les tours se sont ensuite enchaînés, exécutés par les 3 enfants qui avaient appris à faire réapparaître une carte cachée ou faire disparaître  une pièce… Chaque tour fut salué par un roulement de djembé et les applaudissements des parents pour la plus grande fierté de nos petits magiciens. Enfin, c’est en chantant « c’est nous les magiciens » que les enfants ont clos leur petit spectacle.

Une belle fête qui s’est terminée en dansant au rythme du djembé et bien sûr l’arrivée du père Noel.

Pour les bénévoles de l’ADS, ces ateliers de préparation du spectacle, auront été une belle aventure avec les enfants, et de beaux moments partagés.

Projection débat du film « quelques jours de plus » au cinéma de Sceaux

Nous relayons ci après  le message que nous a transmis la directrice du cinéma de Sceaux, avec laquelle nous avons noué un partenariat, nous informant  de la projection débat mercredi 5 juin d’un film  dont la thématique, l’accueil des migrants, porte sur des questions qui intéressent notre association.

Bien cordialement, pour le bureau d’ADS, Marie Broutin

« Bonjour à tous,

Je voulais porter à votre connaissance la soirée des Amis du Trianon que nous organisons la semaine prochaine, mercredi 5 juin à 20h30, autour du film « Quelques jours pas plus ».

Nous aurons la chance de recevoir la réalisatrice Julie Navarro, deux comédiens du film, Amrullah Safi et Olivier Charasson, et le co-scénariste Marc Salbert, dont le roman « De l’avantage du lancer de minibar sur l’engagement humanitaire » a été le point de départ du film.

Je vous invite à prendre connaissance de la bande-annonce de cette comédie sociale et néanmoins romantique qui aborde sous un angle assez inédit la question de l’accueil des migrants, de l’engagement et de l’entraide avec un critique rock pris un peu malgré lui dans cette histoire. Le trio de comédiens fonctionne à merveille.

Au plaisir de vous voir bientôt. Si cela vous est possible, ne vous privez pas de relayer cette info ! Merci d’avance.

Bien à vous, Stéphanie Debaye
Directrice du Trianon
Ville de Sceaux »

Projection du film « Les âmes perdues » à l’Haÿ les Roses, le 19 juin 2023

Les sections locales de la LDH et d’Amnesty International vous invitent à les rejoindre pour la projection-débat du film « Les Âmes Perdues » le Lundi 19 juin à 20h.

Cette projection aura lieu au cinéma La Tournelle, cinéma intercommunal public situé au 14 rue Dispan 94240 L’Haÿ-les-Roses avec un tarif solidaire de 4.20€ .

Le réalisateur Stéphane Malterre sera présent. Ce film incite à une réflexion sur la justice internationale par le prisme des crimes perpétrés par le régime de Bachar-el-Assad.

La bande annonce du film.

Synopsis : En 2013, un fonctionnaire de l’État syrien fuit Damas avec les photos de milliers de cadavres torturés à mort dans les prisons du pays depuis 2011. Un an plus tard, les 27 000 clichés du Rapport César révèlent au monde entier l’horreur des crimes du régime de Bachar Al-Assad. Ce documentaire inédit mêle des témoignages des proches des victimes, de César, d’un survivant, d’activistes et d’avocat·es, ainsi que des images d’archives. Les réalisateur·rices Stéphane Malterre et Garance Le Caisne interrogent l’effectivité de la justice internationale dans la condamnation de ces crimes et mettent en lumière le combat juridique éprouvant des familles des victimes et de leurs avocat·es.

Exposition photographies Amadou Gaye, Mai Juin 2023

Clin d’oeil sans frontières

« Black, blanc, beur »

Tous les plus de 35 ans se souviennent de ce slogan, popularisé lors de la victoire de l’équipe de France à la coupe du Monde de football en 1998.
Mais, « Black, blanc, beur », c’était déjà, dix ans plus tôt, le credo d’une jeunesse des banlieues qui se sentait abandonnée.
« Black, blanc, beur » sont les photos d’Amadou Gaye :

  • Celles du griot sénégalais qui arrive à Paris et s’installe à Belleville, parmi ses compatriotes migrants ;
  • Celles du jeune reporter photo, immergé dans la Marche pour l’égalité de 1983 ;
  • Celles du photographe de rue, qui immortalise portraits et scènes de vie, souvent les deux à la fois ;
  • Celles du comédien et photographe qui s’installe près d’ici, à Fontenay-aux-Roses.

Amadou Gaye a choisi de titrer cette exposition « Clins d’œil sans frontières ».portrait de Amadou
Derrière le clin d’œil, il y a la connivence, avec un ami ou un allié, avec un partenaire que l’on veut séduire…
Ces clins d’œil vous sont adressés.

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Venu du Sénégal pour devenir comédien, un métier qu’il exerce toujours, Amadou Gaye a découvert en France la photographie.
Des rues et bistrots de Belleville au marché de Fontenay-aux-Roses, en passant par la Marche pour l’égalité de 1983 et des résidences sur la côte atlantique, Amadou Gaye photographie les gens, les femmes et les hommes qu’il croise ; des instants souvent magiques.

Plusieurs de ses photographies ont été retenues pour des expositions prestigieuses : Paris-Londres au Musée de l’histoire de l’immigration (mars 2019 – janvier 2020) : Hip-Hop 360 à la Philharmonie de Paris (décembre 2021 – juillet 2022). Amadou Gaye est actuellement très sollicité sur l’anniversaire des 40 ans de la Marche pour l’égalité dont il fut l’un des photographes, immergé parmi les marcheurs : une trentaine de ses photos de la Marche a été exposée à Trappes à la fin de l’hiver ; certaines seront reprises dans un documentaire sur la Marche en cours de réalisation, etc…

Amadou Gaye a également publié plusieurs livres de photos :

  • Certains sont épuisés, comme Génération Métisse (1987, préface de Yannick Noah) ou Paris la Douce (2007, préface de Josiane Balasko) ;
  • Fontenay-aux-Roses, Pétales d’Amour est toujours en vente ;
  • Son prochain ouvrage, en vente en souscription, sera consacré aux marchands, clients et visiteurs du marché de Fontenay-aux-Roses, la ville qui l’a adopté.

Amadou Gaye donnera son spectacle « Contes et Poésies nègres » du 23 au 25 juin 2023, salle Sainte-Barbe à Fontenay-aux-Roses.

Forum des Droits de l’Homme, conférence-débat : Défendre les Droits de l’Homme, ici comme ailleurs

C’est à Bourg-la-Reine, que s’ouvrira En savoir plus…

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Ce film raconte le quotidien En savoir plus…

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Le thème de la soirée En savoir plus…

Forum des Droits de l’Homme, Conférence-débat. Migrants : les droits et la réalité

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Paroles de migrants, Mamadou

Mamadou

Mamadou, à quinze ans, va voir sa vie prendre brutalement une direction imprévue sans qu’il en soit vraiment préparé. Son père, agriculteur dans la région de Kayes, dans l’ouest du Mali, va tomber malade et connaitre des difficultés pour subvenir aux besoins de sa famille. Un cousin, exerçant son métier de commerçant entre le Mali et la Mauritanie, propose alors au jeune Mamadou de l’aider à entreprendre le voyage vers l’Europe, le seul espoir de beaucoup de jeunes lorsque la vie devient trop difficile au pays.
Le voyage commence donc par la Mauritanie, au nord de Kayes, là où son cousin le confie à un « contact » qui lui fait traverser le pays en bus, toujours vers le nord et, deux jours après, lui fait franchir la frontière du Maroc, clandestinement, en traversant à pied une forêt, se souvient Mamadou.

La traversée du Maroc, à pied ou en bus, le conduit ensuite à Nador, tout au nord du Maroc, sur les bords de la Méditerranée, une ville voisine de l’enclave espagnole de Melilla.
Là, après 3 semaines d’attente dans une forêt, un zodiac embarque les candidats au départ pour les mener juste en face, à quand même quelque 150 km à vol d’oiseau, sur la côte espagnole.
La traversée se terminera sur le bateau de garde-côtes espagnols, dans les eaux territoriales espagnoles, qui conduisent les jeunes à Malaga, où ils subissent un premier interrogatoire. Un premier tri qui va faire comprendre à Mamadou qu’il est devenu un MNA, un mineur non accompagné.
Il va rester 2 mois à Malaga, dans un camp pour mineurs, un séjour dont il garde un plutôt bon souvenir, bien logé, bien nourri, avec seulement un ennui pénible, dans une inactivité totale, à part taper de temps en temps sur un ballon. Mamadou peut quand même se faire de nouveaux copains, dont l’un lui procure pour la première fois une sorte de but : aller en Allemagne, où son nouveau copain a un ami et où, parait-il, il est très facile de trouver un travail bien rémunéré.
Avec deux de ses nouveaux amis, il décide donc de quitter clandestinement le camp et grimpe dans le premier train partant vers le nord, vers l’Allemagne. Sans papiers, sans argent, ne parlant aucune autre langue que le Soninké, Mamadou et ses copains se retrouvent à la frontière française, à Bayonne, où ils sont confiés à la Croix-Rouge.
Déjà aguerris, les trois amis repartent discrètement au bout de trois jours, remontent dans un train sans connaitre vraiment sa destination et, cachés la plupart du temps dans les toilettes, arrivent enfin à Paris où, totalement affamés, ils doivent descendre du train pour tenter de trouver un peu de nourriture. Une vieille dame charitable va heureusement les nourrir et les conduire à la Croix-Rouge qui va rapidement les prendre en charge et les loger dans un hôtel.
Le voyage fut sans doute plus dur et angoissant que ce que raconte Mamadou mais, par pudeur, il préfère certainement en livrer un récit édulcoré, sans doute pour ne pas donner l’impression de se plaindre, une sorte de remerciement envers les inconnus qui l’ont aidé au cours des dernières semaines.
Mamadou semble s’être laissé porter par le hasard, sans savoir vraiment ce qu’il attendait, ni surtout ce qui l’attendait, en quittant le Mali. Dans son cas, le hasard semble avoir été favorable.
Il se retrouve finalement dirigé par la Croix Rouge vers un foyer de la porte d’Orléans. Et c’est là seulement qu’il va s’autoriser une « faiblesse » et se mettre un jour à pleurer. Il peut enfin se confier à un psychologue de la Croix Rouge : le Mali lui manque, sa famille lui manque, il n’a pas pu parler à sa mère depuis des mois. De toute façon, il n’y a pas de téléphone chez ses parents, il n’a aucun numéro, aucun contact… Mais il veut parler à sa mère… Et la solidarité s’organise alors, un groupe de jeunes maliens du foyer vont le soutenir, l’interroger, trouver un contact avec des voisins de sa famille, sa mère est prévenue et ils peuvent enfin se parler…ce qui pourrait être un conte de fée continue.
Mamadou est enfin placé dans une famille d’accueil, retrouve une scolarité normale, trouve un avenir possible après un stage de couvreur zingueur qui lui fait rencontrer un patron bienveillant qui l’oriente vers une école des Compagnons du Devoir où il va préparer un CAP en alternant semaines de formation et travail rémunéré.
Mamadou a maintenant un vrai projet : son CAP obtenu, il préparera un bac pro en couverture zinguerie qu’il obtiendra, il en est sûr, après deux ans d’études.
Devenu majeur, il lui faut aussi penser à son statut, à ses papiers, et, toujours proche de sa famille d’accueil, toujours aidé par une conseillère de l’ASE, l’Aide Sociale à l’Enfance, trouver enfin une place dans un FJT, Foyer pour Jeunes Travailleurs, pour devenir véritablement indépendant, et pourquoi pas s’offrir un voyage au Mali, à Kayes, pour enfin embrasser sa mère.

Avril 2022

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