Courage des femmes défenseures des droits humains
Amnesty International section Val-de-Bièvre avait exposé 13 portraits de femmes militantes pour les Droits Humains lors de la conférence du 3 mars 2020 Les droits des femmes dans le Monde. Cette exposition est un hommage rendu au courage de ces femmes, le plus souvent victimes avant de devenir des exemples de la lutte des femmes pour la reconnaissance de leurs droits.
Cette exposition s’est tenue du 10 mars au 12 juin 2020 dans la galerie des Colonnes, square Jean-Baptiste Colbert à Bourg-la-Reine. Pour que l’on n’oublie pas ces femmes, voici quelques mots sur chacune : (certains portraits proviennent de l’exposition BRAVE d’Amnesty et sont notés par un astérisque *).
ATENA DAEMI*
Iranienne, née en 1988, Atena Daemi milite très tôt sur les réseaux sociaux pour le respect des droits humains, et en particulier contre la peine de mort qui concerne chaque année des centaines de personnes en Iran. Arrêtée en 2014, condamnée à diverses peines dont 7 années de prison après un procès expéditif de quelque quinze minutes, Atena Daemi, toujours incarcérée, et après avoir engagé plusieurs grèves de la faim, continue ses appels pour un respect des droits humains, malgré les violences et mauvais traitements dont elle est victime.
YASAMAN ARYANI
Iranienne, Yasaman Ariani, 24 ans, actrice, a enlevé publiquement son voile en plein centre de Téhéran, avant de distribuer des fleurs aux femmes à l’occasion de la journée internationale des droits de la femme, le 8 mars 2019. Arrêtée, elle a été condamnée en août 2019 à 16 ans de prison, puis transférée dans l’une des prisons les plus sévères du régime, où, depuis octobre 2019, ni sa famille ni son avocat n’ont pu obtenir de ses nouvelles.
AURA LOLITA CHAVEZ
Guatémaltèque, membre du Conseil du peuple Maya-Quiché, Lolita milite pour l’autodétermination du peuple Quiché, la reconnaissance de la diversité des peuples et plus particulièrement pour la reconnaissance des droits des femmes Quiché, un combat popularisé déjà en 1992 par la remise du prix Nobel de la paix à Rigoberta Menchu. En 2017, Lolita est finaliste pour l’obtention du prix Sakharov pour la liberté de pensée. Décerné par le parlement européen dominé par les députés de droite, le prix sera finalement remis à « l’opposition démocratique du Venezuela ».
GERALDINE CHACON*
Vénézuélienne, née en 1993, directrice adjointe de la Fondation « Ambassadeurs Communautaires », une ONG venant en aide aux jeunes défavorisés, Géraldine Chacon a été arrêtée en février 2018 . Adoptée comme prisonnière d’opinion par Amnesty, elle a été placée en liberté conditionnelle en juin 2018, après une grève de la faim en compagnie de 18 autres codétenues pour dénoncer leurs conditions d’incarcération. Sans être formellement inculpée, la jeune avocate est sous le coup d’une interdiction de quitter le Venezuela.
MARIELLE FRANCO*
Brésilienne, née en 1979 à Rio de Janeiro, Marielle Franco, représentant une coalition du parti socialisme et liberté et du parti communiste, est élue conseillère municipale de sa ville natale en 2016. Militante des droits humains, en particulier des droits LGBT, luttant contre la violence policière dans les favelas, Marielle Franco est assassinée en mars 2018 dans le centre de Rio. Fin 2019, après l’arrestation de deux anciens membres de la police militaire, le Président brésilien, Jaïr Bolsonaro, a été soupçonné d’avoir menacé le commissaire de police de Rio pour entraver l’enquête.
NOIRA CANDELO RIASCOS
Colombienne, Noira Candelo Riascos est la porte-parole de « Asomamiwata », une association des femmes entrepreneures afro-colombiennes, sur la côte Pacifique de la Colombie. Les accords de paix entre les FARC et le gouvernement colombien, aujourd’hui dominé par une droite dure, sont loin d’être appliqués. La défense des droits humains, du droit des femmes et du respect du territoire des communautés afro-colombiennes, entraîne une violence quotidienne dont sont particulièrement victimes les femmes.
YECENIA ARMENTA GRACIANO
Mexicaine, âgée de 39 ans, Yecenia Armenta est arrêtée en juillet 2012 sur la route de l’aéroport par des policiers en civils qui la séquestrent, la torturent et la violent pour lui faire avouer le meurtre de son mari. Ce n’est que lorsque ces policiers menacent de torturer également ses enfants qu’elle signe des aveux. Après plusieurs expertises et procès, Yecenia Armenta Graciano est enfin acquittée en 2016. Soutenue par Amnesty, elle va alors consacrer son énergie à dénoncer les actes de violence pratiqués en toute impunité par la police, redonnant espoir aux victimes toujours incarcérées.
VITALINA KOWAL
Ukrainienne, originaire d’Oujgorod, près de la frontière hongroise, Vitalina Kowal est une homosexuelle qui s’assume, participant à la création d’un centre d’entraide pour la communauté LGBT de sa ville. Malgré d’importants progrès depuis la première marche des fiertés en 2013, les manifestations LGBT, mieux protégées par la police, sont encore fréquemment attaquées par des groupes d’extrême-droite qui, en 2018, ont blessé Vitalina en l’aspergeant de peinture. Cela n’a fait que renforcer son combat et lui a apporté des soutiens de toute l’Europe.
PAVITRI MANHJI*
Indienne, membre de la communauté autochtone Adivasi, dans le centre de l’Inde, Paviti Manhji a été élue cheffe de son village et se consacre à la lutte de sa communauté pour faire reconnaître leurs droits sur leur terre, alors que des projets d’installation de centrales électriques et autres entreprises ont entraîné menaces et intimidations de mercenaires pour déloger les habitants. L’activisme de Pavitri lui a permis de rallier plusieurs soutiens qui font aujourd’hui pression sur les autorités indiennes pour que soit reconnu le droit élémentaire à la terre pour sa communauté.
SOPHIE BEAU
Française, ancienne collaboratrice de Médecins sans frontières, spécialiste de la gestion de programmes humanitaires, Sophie Beau a créé le mouvement « SOS Méditerranée » avec Klaus Vogel, capitaine de la marine marchande allemande, pour venir en aide aux migrants après l’arrêt de la mission italienne « Mare nostrum ». Leur premier navire, l’Aquarius, va permettre le sauvetage d’environ 30000 personnes avant d’être immobilisé pour des raisons juridiques. Sophie Beau, toujours déterminée, a réussi à relancer cette mission avec un second navire, l’Ocean Viking, qui a déjà permis le sauvetage de plusieurs milliers de personnes au large des côtes libyennes.
GULZAR DUISHENOVA*
Kirghise, Gulzar Duishenova est victime en 2002 d’un accident de la route qui lui fait perdre l’usage de ses jambes. Elle découvre alors le profond ostracisme dont sont victimes au Kirghizstan les handicapés, le plus souvent considérés comme des malades incurables. Dans cette petite république d’Asie centrale, où les femmes ne sont pas toujours reconnues comme des citoyennes à part entière, elle réussit pourtant à mobiliser des milliers de personnes pour la défense des droits des handicapés dans la vie sociale et économique, pour finalement obtenir en 2019 l’adoption par le parlement d’une loi facilitant la mobilité et l’intégration sociale des handicapés.
NAWAL BENAÏSSA*
Marocaine, mère de famille engagée bénévolement pour l’aide aux femmes victimes du cancer, Nawal Benaïssa, révoltée dans l’âme, est devenue spontanément porte-parole des rassemblements du mouvement de protestation Hirak al Chaabi pour obtenir plus de justice et de liberté dans le Rif marocain, après l’incarcération de son leader, Nasser Zefzafi. Harcelée à son tour, arrêtée plusieurs fois depuis 2017, Nawal Benaïssa a été condamnée à 10 mois de prison avec sursis et a dû fuir en Europe où elle a obtenu l’asile politique aux Pays-bas pour poursuivre son combat.
NONHLE MBUTHUMA*
Sud-Africaine, Nonhle Mbuthuma fait partie de la communauté Amadiba, installée depuis longtemps dans la région de Pondoland. En 2007, pour structurer la lutte contre un projet d’extraction minière d’une société australienne qui menace d’expulsion plus de 500 personnes, Nonhle Mbuthuma a cofondé le comité de crise Amadiba pour réunir la population de cinq villages menacés. Après l’assassinat du leader de ce mouvement, menacée de mort à son tour, elle est devenue porte-parole de cette lutte, ce qui l’oblige à vivre pratiquement clandestinement, protégée par des gardes armés.
MARIA
À l’âge de 13 ans, Maria (pseudonyme) a été forcée de se marier avec un homme de 70 ans qui avait déjà cinq épouses. Maria a marché pendant trois jours et parcouru près de 170 km pour trouver refuge dans un centre d’accueil pour jeunes filles. Elle a fini par rentrer chez elle. Après une intervention de la police, elle a été libérée de son « mariage » et vit à présent dans sa famille. Elle espère aller à l’école un jour. Au Burkina Faso, plus de la moitié des filles sont forcées de se marier bien trop jeunes. Certaines ont à peine 11 ans. Le pays figure au septième rang mondial pour le mariage des enfants : 52 % des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans. C’est un scandale qui ne doit pas être oublié.
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