Auteur/autrice : Asta Lakoetene

3 ans de soutien par ADS, Asta témoigne, Janvier 2019 – Octobre 2021

Bien plus qu’un soutien….

Je me suis décidée à fuir mon pays en 2016. La Centrafrique était plongée depuis déjà des années dans une guerre civile entre bandes armées. Aucun avenir n’était envisageable. J’ai laissé provisoirement mes enfants à la garde de mes parents et je suis partie seule pour la France, sans projet véritable, juste dans l’espoir de trouver un avenir possible et de créer les conditions pour que mes enfants me rejoignent rapidement. Je suis arrivée à Paris le 7 août 2016, accueillie par mon beau-frère. J’avais heureusement des contacts auprès d’amis dans la région parisienne et pendant la première année, j’ai dû vivre chez les uns et les autres, pour quelques jours ou quelques semaines.

Ma principale préoccupation, en dehors du logement, fut déjà de régulariser mon statut de migrante, ce qui n’est pas simple sans adresse fixe ni travail. Ce n’est qu’au bout d’un an de démarches incessantes que j’ai réussi à obtenir une autorisation de séjour de 10 ans. Cette régularisation marqua le début de mon insertion. J’ai pu enfin m’inscrire à Pôle Emploi en espérant trouver rapidement un travail auprès de bébés ou de jeunes enfants, ce que je faisais déjà en Centrafrique. En France, c’était déjà plus compliqué. Pôle emploi m’a vite fait comprendre que, sans diplôme, sans qualification, sans expérience reconnue, et surtout sans maîtriser parfaitement le français, je n’avais pas beaucoup de chances de trouver un emploi rapidement. J’ai donc commencé à Asnières, grâce à Pôle Emploi, une remise à niveau en français, tout en faisant des ménages et en m’occupant de personnes âgées. C’est à cette époque que le CCAS m’a proposé un hébergement à Bourg La Reine, au CHRS Auxilia, et c’est là que j’ai eu un premier contact avec l’association ADS.

Je trouvais enfin des gens qui allaient m’ouvrir plusieurs portes, non seulement pour m’apporter un soutien continu dans ma recherche d’emploi, pour me conseiller, mais aussi pour me faire découvrir des tas d’activités qui m’ont donné une nouvelle confiance en moi. Grâce à des cours de français et la rédaction d’un CV avec Michel Giraud, l’association m’a permis de signer un contrat de professionnalisation avec l’agence Babychou pour travailler comme auxiliaire parentale, puis m’a poussée à préparer un CAP, Certificat d’Aptitude Professionnelle pour la petite enfance. Durant cette formation, Michel Pays m’a beaucoup aidée pour préparer le CAP que je menais en alternance avec un travail comme auxiliaire parentale.

En juillet 2020, quatre ans après mon arrivée en France, je passais avec succès mon CAP petite enfance, un premier diplôme que je n’ai malheureusement pas pu fêter avec mes amis comme il se doit, c’était le début du premier confinement. Je devais faire des stages de qualification et le soutien d’ADS s’est poursuivi, et s’est concrétisé pour cette rentrée de septembre 2021 par un emploi à la crèche municipale de Chatenay-Malabry après une période d’essai d’un mois suivie d’un CDD de 6 mois. Je suis donc maintenant officiellement agent technique auxiliaire auprès de bébés de 6 à 11 mois. Je m’occupe, avec une collègue référente, de l’accueil des parents, des jeux avec les bébés, des repas, de la sieste … Tout se passe bien ! et en plus, je viens de quitter Auxilia pour un logement autonome … enfin chez moi !

Je dois ajouter que l’association ADS m’a apporté bien plus qu’un simple soutien pour ce parcours professionnel. En suivant de nouvelles activités, c’est aussi une nouvelle vie que j’ai pu découvrir en suivant avec passion la plupart des activités proposées par les bénévoles d’ADS, des activités que je n’avais jamais envisagées, dont j’ignorais souvent tout. J’ai pu faire ainsi de la peinture, de la couture, fabriquer des bracelets, faire du Yoga, de la sophrologie, une activité que je pratique encore. J’avais une véritable boulimie d’activités…J’ai même participé à la construction d’un poulailler malgré le peu de sympathie que m’inspirent les poules.

Aujourd’hui  je peux dire que j’ai trouvé auprès des responsables et des bénévoles d’ADS une véritable famille. Je n’oublie pas pour autant ma vraie famille et mes enfants. Mon plus grand espoir, mon prochain but, c’est de réunir les conditions pour recevoir au plus vite mes enfants restés en Afrique, dès que j’aurai trouvé un logement plus grand que celui que j’occupe actuellement à Meudon.

Je voudrais envoyer un petit message à ma nouvelle famille, aux bénévoles d’ADS mais aussi aux personnes aidées par ADS : surtout, ne vous découragez jamais. J’ai pu constater que certaines personnes bénéficiant du soutien de l’association considèrent ce soutien comme un dû et ne font pas toujours d’effort pour faciliter le travail des bénévoles, en arrivant en retard, en ne respectant pas toujours les rendez-vous, ce qui entraîne parfois un sentiment de découragement pour le bénévole. Il n’est pas toujours facile d’avouer le besoin d’un soutien tout comme il n’est pas toujours facile d’apporter ce soutien. Des deux côtés, cela demande du courage.

Je pense ne m’être jamais découragée, n’avoir jamais douté. J’envisage d’ailleurs de proposer à Wei Ying de devenir bénévole à mon tour, pour initier à la cuisine africaine … Voilà, le message est lancé.