La nature, tout simplement
Ne parlez pas à Selvi de son « travail, » de son « œuvre » ou d’une quelconque influence d’une « école picturale », ces mots un peu sévères ne correspondent en rien à sa peinture, répondant simplement au plaisir d’exprimer et de transmettre une émotion née le plus souvent d’une observation attentive de la nature.
Selvi est née à Auroville, communauté internationale au sud de l’Inde sous l’égide de l’UNESCO, une ville créée en 1968 par la volonté d’une française, Mirra Alfassa, à quelques kilomètres de Pondichéry, ancien comptoir français depuis le XVIIe siècle. Cette ville se voulait porteuse de tous les rêves de l’époque, devenir un lieu de spiritualité, de paix, d’harmonie, de partage, et de liberté d’expression, ouvert à tous avec le moins de contraintes possibles et surtout l’envie de vivre ensemble.
Paix et harmonie sont à l’évidence les mots qui s’imposent pour définir les peintures présentées par Selvi : exprimer l’émotion née de la contemplation d’une nature encore intacte. Il s’agit, pour Selvi, d’approcher le mystère de la lumière, de la quiétude d’un sous-bois ou les fulgurances d’un soleil levant. Pour nourrir cette passion, le hasard a tenu son rôle : dans son enfance, à Auroville, Selvi a pu profiter des conseils de son voisin, professeur de dessin et de peinture, originaire du Sri Lanka, un voisin qui va l’initier au dessin, à l’usage de la couleur et, constatant ses dons naturels, va l’encourager, à 14 ans, à présenter une de ses peintures à un concours où elle reçut le premier prix.
« C’était naturellement un paysage de ma région, et ce fut mon premier et mon dernier prix » dit-elle en riant … « Le hasard a fait que, pendant des années, je me suis beaucoup moins consacrée à la peinture ».
Une autre vie s’était imposée, obligeant Selvi à négliger un peu pinceaux et tubes de couleurs et à passer moins de temps à contempler la nature. Cette nouvelle vie, ce fut surtout la rencontre avec son futur mari, né en France mais arrivé à Auroville à l’âge de 9 ans, suivant ses parents attirés par l’expérience d’une nouvelle vie. Selvi voulut découvrir la France, devenue ensuite son pays d’adoption et de cœur, se maria, et, donna naissance à deux enfants.
Les paysages de son enfance ne furent pas pour autant oubliés. Bien intégrée dans son nouvel environnement depuis des années, installée à Bourg La Reine depuis 6 ans, Selvi put enfin ressortir son matériel de peinture et consacrer un peu plus de temps à son envie de peindre.
Loin de ses paysages favoris, malgré de fréquentes visites à sa famille à Auroville, elle chercha alors à aborder de nouveaux rivages, osa s’éloigner de sa reproduction de la nature malgré la perfection de son dessin, du traitement des couleurs, de son art de jouer avec la lumière… Peu à peu, elle modifia son support habituel, le carton, s’essaya à la peinture à l’huile, oublia la reproduction fidèle d’un modèle pour prendre certaines libertés et reproduire sa propre vision intérieure d’une nature parfois idéalisée, créer des arbres ou des plantes imaginaires, utiliser de nouvelles couleurs, de nouvelles formes et faire apparaitre parfois sur les branches de ces arbres des oiseaux multicolores, des oiseaux indiens, comme le Yellow oriole, cousin du loriot d’Europe…
Peu à peu, Selvi s’est sentie prête à partager ses visions, prête à exposer ses peintures, prête à s’exposer.
« On ne m’avait jamais proposé d’exposer mes peintures, je ne l’avais d’ailleurs jamais cherché, dit-elle, et, c’est curieusement au moment où je me suis sentie prête que Wei Ying m’a invitée à installer mes peintures sur les murs du Crédit Mutuel… Ce sera ma première véritable exposition … le temps est sans doute venu, après un long travail personnel, de partager mes réalisations avec mes voisins, réginaburgiens et réginaburgiennes, et même les habitants des communes voisines.»
Pour rencontrer Selvi au milieu de ses peintures, rendez-vous au vernissage samedi 14 juin, au Crédit Mutuel de Bourg-la-Reine, 54 avenue du Maréchal Joffre à 11h.