Le soutien par ADS c’est … être là, simplement, et redonner confiance.
Certains changements de vie sont un peu brutaux. Irma peut en témoigner.
Vivant en Centrafrique, employée par un centre missionnaire américain, Irma vit une existence paisible avec ses enfants quand elle est invitée en France pour le mariage de sa sœur. Il s’agit pour elle d’une occasion de vacances et c’est même son employeur qui lui offre le voyage…
Hélas, son avion ne s’est pas encore posé à Paris, en 2012, qu’un coup d’état, un de plus, balaye le président centrafricain François Bozizé. Plus qu’un simple coup d’état, c’est en fait une véritable guerre civile qui débute, les missionnaires américains préfèrent plier bagages, conseillant à Irma de ne pas rentrer immédiatement, et quittent le pays après avoir quand même mis ses enfants en sécurité au Cameroun.
En trois jours, comme dans un cauchemar, Irma, salariée en Centrafrique est devenue une réfugiée en France, bénéficiant grâce à l’OFII, Office Français de l’Immigration et de l’Intégration, d’une carte de séjour provisoire.
Le provisoire va durer. Irma, recueillie par sa cousine, enchaîne alors petits boulots, formations diverses et fait régulièrement renouveler sa carte de séjour.
En 2017, victime d’une pathologie chronique elle se retrouve à l’hôpital Foch, puis dans un centre de rééducation pour retrouver sa mobilité avant qu’une assistante sociale lui trouve une place au CHRS Auxilia, le Centre d’hébergement et de réinsertion sociale de Bourg la Reine, partenaire d’ADS.
Les malheurs d’Irma ne sont pas terminés. Au cours de l’hiver, elle fait une mauvaise chute sur une plaque de glace, se blesse au genou et fait son retour à l’hôpital. De cette époque, Irma se souvient surtout d’une fatigue continuelle, elle est revenue boitillant à Auxilia, enchaîne quelques missions de ménage chez des particuliers et compense ses malheurs par une boulimie qui, naturellement, accroit son poids, et sa fatigue.
C’est à ce moment qu’elle entend parler d’ADS, qui gère déjà quelques activités dans ce centre : yoga, dessin, sophrologie.
Pour échapper à l’ennui et l’inactivité qui la mène directement à une dépression, Irma se décide à remplacer sa boulimie alimentaire par une boulimie d’activité. « Si je n’avais pas rencontré les gens d’ADS, je serais encore allongée sur mon lit » dit-elle. Tout est bon alors pour échapper à la solitude, toutes les activités sont bonnes à prendre et peu à peu, en plus de la sophrologie avec Catherine, du yoga avec Alexandra, du dessin avec Monsieur le Peintre, des cours d’informatique avec Monsieur Arnaud, c’est surtout à un nouveau moral qu’elle se forme.
« J’ai eu l’impression de trouver soudain une nouvelle famille, une famille qui m’attendait. Au moindre problème, j’avais envie d’appeler Wei Ying, qui n’avait pas toujours de solutions, mais au moins toujours un conseil, une adresse ou une piste de recherche.
A la demande de l’éducatrice qui avait constaté que le poids excessif d’Irma n’est pas étranger à ses problèmes de genou et de fatigue, Wei-Ying l’initie à la diététique. La nourriture récupérée par Auxilia, surplus ou produits en limite de consommation, est alors triée par Irma, conseillée par Wei-Ying qui lui apporte même parfois des produits de son jardin … Elle apprend à mieux se nourrir, et à moindre coût.
C’est maintenant Irma qui, à l’occasion de ses conversations téléphoniques avec sa mère ou ses enfants, leur procure des conseils pour une alimentation plus saine : plus de sodas, moins de sucre, etc. …
Tout s’enchaine alors, Irma perd du poids, retrouve de la confiance et retrouve un C.D.I.
La fatigue ? Un souvenir … Irma est devenue une vraie stakhanoviste, s’astreignant , à l’époque du covid, à prendre un bus de nuit à 4h du matin pour rejoindre son travail à la Défense, à 6h., les RER ne démarrant que plus tard par temps de covid. « Je ne demande qu’à travailler, c’est devenu mon médicament ». Son activité étant limitée à 4h. par jour en rapport avec son ancien handicap, elle insiste auprès de ses employeurs pour faire davantage d’heures. Et alors que beaucoup de ses collègues perdront leur travail du fait de la réduction d’activité, elle au contraire, augmentera ses heures. Puis c’est encore avec l’ADS, grâce à l’aide de Monsieur Michel et Cécile, juriste, qu’elle obtient la modification de son contrat de travail.
Enfin, dernière étape de son insertion, après quatre années à Auxilia, elle obtient enfin un logement à côté de son emploi, à Rueil Malmaison … Le logement est vide, Irma a peu d’argent une fois son loyer payé, mais grâce à la générosité de Cathy, rencontrée lors des sophro-balades, l’appartement est pratiquement meublé en quelques jours, une vraie vie reprend.
Son nouveau combat, ce sont les démarches pour obtenir la naturalisation française, la France étant devenue son pays. Elle trouvera encore l’appui de l’ADS avec Marie-France pour la préparation de son examen de français, diplôme indispensable à son dossier. Le dossier est parti il y a une semaine, Irma rêve déjà à ses vacances au Cameroun auprès de ses enfants.
Un jour, Irma était assise avec Wei Ying, sur un banc de la place Condorcet, pour se reposer et papoter. Elle ne trouvait pas ses mots pour renouveler à l’ADS ses remerciements pour cette nouvelle vie. Wei-Ying proteste, l’assure que c’est surtout à son courage qu’elle doit ce changement, mais Irma l’interrompt, « Si, votre soutien, c’est énorme, votre soutien, c’est d’être là, toutes les deux sur ce banc, à bavarder, c’est ça qui est énorme… »
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