De Mossoul à Bourg la Reine
Après avoir fui les combats de Mossoul, réfugiés à Qaraqosh, puis à Erbil au Kurdistan, sans espoir de retour chez eux, les parents et deux de leurs enfants sont arrivés en France en février 2018 et à Bourg la Reine au mois de mai de la même année.
Première tâche pour ces arabophones : apprendre le français, sésame pour une intégration réussie. Notre association ADS-BLR, sollicitée par Habitat et Humanisme qui les loge aux Sources, m’a demandé de suivre particulièrement le fils de 22ans. Il prenait des cours de français pour réfugiés mais l’idée était de l’entraîner à la conversation pour qu’il soit le plus vite possible en capacité d’entreprendre une formation et de trouver du travail.
Sa mère se joint à nous puis sa jeune sœur qui, après une année en classe d’initiation au français au collège La Fontaine, entre en septembre 2019, en Seconde « CAP vente » au lycée professionnel de Meudon.
Après deux années en France, ils sont de plus en plus autonomes, prêts à s’investir dans la vie sociale et économique. Le jeune homme travaille dans un restaurant, les parents envisagent de trouver une activité salariée, la jeune fille continue ses études. Une belle rencontre, un partage, la naissance d’une amitié…
Pas à pas, nous découvrons ensemble les difficultés de l’apprentissage …
La prononciation s’avère particulièrement difficile, surtout quand il s’agit des voyelles. Je me souviens de la répétition laborieuse, émaillée de rires, des mots cheveux et chevaux … un festival !
Nous nous mettons en situation pour apprendre le vocabulaire propre à la vie quotidienne. Ainsi nous sortons pour faire des exercices pratiques :
- tourner à droite
- aller tout droit
Au marché, je confie à la maman le soin d’acheter les fruits, les légumes, la viande… Bien sûr, ce sont des situations universelles mais cela donne confiance et c’est essentiel. Elle est un peu inquiète au début, mais très vite, elle a le sourire. C’est gagné !
En décembre dernier, la jeune fille doit faire un stage de vente dans le cadre de ses études. Elle voudrait vendre des produits de beauté, de préférence. Nous réalisons le CV, rédigeons la lettre de motivation et nous nous rendons dans les enseignes les plus proches. Et … nous faisons face aux réalités ! Peu à peu la jeune fille prend de l’assurance, elle doit oublier les produits de beauté mais trouve un stage dans un supermarché. Au deuxième trimestre, elle est autonome et se débrouille seule pour obtenir un nouveau contrat de stage.
Peu à peu des liens se tissent…
Nous faisons connaissance à travers tous ces échanges qui se poursuivent souvent autour du thé et des gâteaux orientaux. Nous partageons des rires mais aussi des moments de gravité , d’émotion, lorsque nous évoquons les guerres successives en Irak, les disparus, l’inquiétude pour ceux qui sont restés au pays…
Les membres de la famille communiquent quotidiennement en arabe ce qui ne favorise pas des progrès aussi rapides pour les parents que pour les enfants. Comprendre l’écrit est une chose, comprendre l’oral, pour s’exprimer dans une conversation en est une autre… C’est un travail de longue haleine !