Manger local, manger bio ! Est-ce possible pour tous ? 29 janvier 2020

Manger local, manger bio ! Est-ce possible pour tous ? 29 janvier 2020

Tout le monde, a priori, souhaiterait manger des produits de saison, locaux, bio, mais est-ce possible pour tous ?

Le titre de cette conférence pouvait être trompeur. L’ADS, avec son dynamisme bien connu, s’était-elle transformée subitement en association écologiste ?

Non, bien sûr, et la soixantaine de personnes qui s’était déplacée l’a bien compris, et même applaudi, quand, en introduction, il fut précisé que le thème de la réunion n’était pas seulement d’évoquer les bienfaits d’une nourriture saine et locale, ni les méfaits d’une agriculture gourmande en pesticides et autres produits chimiques : en accord avec nos objectifs, il s’agissait de parler avant tout de l’accès à une alimentation saine, locale, bio si possible, mais surtout à une alimentation suffisante pour tous, ce qui n’est pas toujours le cas en Ile-de-France, région la plus riche et la plus inégalitaire de France, où 3% de la population avoue ne pas manger suffisamment, tout simplement faute de moyens. Une première information qui a bien replacé les priorités.

La parole a d’abord été donnée à quatre étudiants de l’IUT de Sceaux, Bilge Akdemir, Justine Commissaire, Chloé Narbonne et Nicolas Paillard, qui avaient participé à la préparation de cette conférence avec la réalisation d’une enquête sur les marchés et magasins spécialisés de Bagneux, Chatillon, Rambouillet et Sceaux pour connaître les habitudes alimentaires des consommateurs et leur rapport avec l’alimentation locale et bio. En résumé, les résultats sont assez encourageants : 62% des personnes interrogées privilégiaient les produits locaux, principalement pour encourager les producteurs de la région, et 58% achetaient souvent des produits bio, espérant surtout un bénéfice pour leur santé. Quant aux récalcitrants, et sans que l’on puisse s’en étonner, c’est naturellement le prix des produits bio ou locaux qui les dissuadait. Ici la  Présentation de l’enquête.

François Mauvais, à l’aide de tableaux très clairs, débuta ensuite son exposé en soulignant qu’une population non négligeable en Île-de-France ne mangeait pas totalement à sa faim.
Sur un plan plus général, il souligne l’écart persistant entre ce que les Franciliens disent et ce qu’ils font en matière de consommation alimentaire. Ils disent en majorité que bien manger, c’est d’abord une alimentation équilibrée, avec une préférence pour les fruits et légumes. Résultat : la consommation de fruits et légumes baisse et les Franciliens augmentent leur consommation de sandwichs, des pizzas et de plats préparés : leur consommation a doublé ces dernières années, paradoxe expliqué en partie par le coût des produits frais et des produits bio mais également par le mode de vie en Ile de France, 65% des Franciliens déjeunant en semaine hors de leur domicile.

Certaines idées reçues furent aussi un peu recadrées : avec regret, il va falloir oublier le mythe d’une autosuffisance alimentaire de l’Ile de France, région qui ne pourrait nourrir qu’une part infime de ses habitants, et à condition qu’ils se contentent de pain, de salade et d’un peu de pommes de terre.  Retrouvez la présentation complète de l’exposé de François Mauvais ici

Les questions du public furent ensuite nombreuses et François Mauvais, pour tout renseignement sur les questions liées à l’alimentation, a pu conseiller de joindre le site du Conseil National de l’Alimentation*, un genre de parlement consultatif sur les questions alimentaires pour différents ministères. (www.cna-alimentation.fr)

En conclusion, une précision importante a été donnée : le label bio n’apporte aucune assurance sur les qualités du produit, son impact sur la santé ni même son goût. Répondant à un cahier des charges européen, ce label ne garantit qu’une méthode de production dont les principaux impératifs sont que le produit soit cultivé dans le sol sans aucun apport de produit chimique de synthèse. François Mauvais a aussi insisté sur le fait que ces normes étaient identiques pour toute l’Europe, et dès lors qu’un produit arrivait en France en affichant un label bio, la conformité à ces normes étaient vérifiées quelle que soit leur provenance, même hors Europe.

C’était le cas des gâteaux préparés par les étudiants et des fruits et légumes du petit buffet qui a clos selon la tradition cette réunion.

Et pour comprendre la problématique de l’alimentation aujourd’hui, revenons un peu en arrière, et écoutez cette chanson, tout y est ! avec l’humour en plus … « La vache à mille francs » 10 novembre 1966 Jean POIRET, écoutez !

**CNA : Ce dernier émet des recommandations qui peuvent être utiles à tout un chacun : Éducation à l’alimentation permettant de forger ses propres choix et trouver une alimentation favorable à sa propre santé et des renseignements sur la pratique culinaire, la formation au goût et la fréquentation des jardins pédagogiques qui favorisent les rencontres entre les citoyens et les acteurs de la chaîne alimentaire (visites de fermes, d’ateliers de transformation, etc.)

Le verbatim de l’équipe des étudiants de l’IUT « Ce fut un plaisir d’avoir mené ce projet qui nous tenait à cœur avec des personnes et une association comme vous. Vous aspirez à rendre meilleur le quotidien des personnes habitant les communes aux alentours et c’est un but louable. Merci encore. »

François Mauvais est ingénieur de l’agriculture et de l’environnement.
Il a été, après des postes d’hydraulicien et d’ingénieur en eau potable et en assainissement, chargé de l’ingénierie de l’eau au ministère de l’agriculture, avec une expertise dans la gestion des services publics d’eau potable et d’assainissement. Il a aussi été directeur de l’association scientifique et technique pour l’eau et l’environnement (ASTEE).
Depuis près de 8 ans, il est responsable du pôle Offre alimentaire – Agroalimentaire à la Direction régionale de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt d’Île-de-France.