Les femmes et le sport en mars 2019
Par ailleurs les femmes ne pratiquent pas tous les sports. Le saut à la perche n’a par exemple été ouvert aux femmes qu’en 1987 et la boxe anglaise en 2012. Les filles pratiquent majoritairement la danse, la gymnastique, la natation et les garçons le football et le judo. Dans les sports de ballon, les femmes pratiquent plus couramment les jeux avec ballon en main (volley) et les garçons avec ballon au pied (foot). La médiation du filet au centre du terrain, empêchant le contact et l’interpénétration des équipes, est aussi un facteur orientant le choix des femmes.
Les garçons pratiquent beaucoup plus en club et sont plus nombreux à faire des compétitions. Les filles ne représentent que 25% des compétitrices. A l’adolescence, les filles ont tendance à arrêter la pratique du sport (davantage encore pour celles qui sont en CAP, BEP, lycée professionnel).
Il y a de moins en moins de filles qui s’inscrivent dans des études de STAPS.
Concernant l’accès aux postes de direction, parmi les présidents de fédérations olympiques, il y a actuellement une seule femme : Isabelle Lamour. Sur les 115 fédérations sportives en France, 11 seulement sont présidées par des femmes. Les femmes sont sous-représentées aux Conseils d’Administration. Leurs salaires sont moindres.
La question de la place des femmes dans le sport est encore le plus souvent un impensé dans les politiques publiques.
Concernant les freins à la pratique du sport, le manque de temps souvent invoqué est un motif subjectif. Ceux qui ont le moins de temps libre et le plus de capital culturel font le plus de sport. Mais les femmes sont sollicitées dans la vie domestique et socialisées pour donner du temps aux autres. Faire du sport c’est prendre du temps pour soi et s’autoriser à le faire sans se sentir coupable.
Quant à la médiatisation, les compétitions féminines ne représentaient en 2012 que 7% des émissions sportives diffusées à la télévision ; aujourd’hui, en 2018, elles ne représentent encore que 18%. Les « modèles » ne sont pas nombreuses ni mises en avant par les media.
La mixité est possible si elle est réfléchie.
Face à ces constats, seule une politique volontariste peut faire changer les choses.
Dès le plus jeune âge, les filles et les garçons doivent être traités de la même façon en droit et en considération.
Parmi les leviers possibles, rendre visible ce qui ne l’est pas : car ce qui n’est pas vu ou n’est pas dit n’existe pas ; des films comme Billy Elliot ou le Grand bain peuvent contribuer à faire évoluer les représentations.
Les marches exploratoires qui mettent en évidence le manque d’équipements sportifs à destination des femmes contribuent également à faire évoluer les politiques d’aménagements urbains.
La deuxième intervenante Polina Pachenko a témoigné de son parcours de sportive tout d’abord en Russie puis en France et de son évolution progressive dans des équipes féminines puis mixtes, en volley ball et en beach volley. Elle a notamment fait état de la façon dont elle a personnellement vécue l’évolution de la réglementation et de la pratique quant au port des tenues de sports qu’elle a eu à connaitre, considérant que les femmes doivent pouvoir pratiquer le sport dans la tenue de leur choix.
Un débat s’est instauré avec Catherine Louveau qui a à cette occasion fait état de son attachement à l’universalisme dans le sport et rappelé le contenu de la charte olympique dont elle regrette qu’elle ne soit pas toujours respectée.
Trois vidéos tournées par les étudiants ont présenté des témoignages de jeunes femmes qui avaient réussi à se réaliser, parfois en s’imposant dans des sports considérés comme plutôt masculins (karaté, boxe, plongée).
De nombreuses questions ont été posées par les participants et un débat parfois passionné s’est engagé et poursuivi avec les intervenantes et les organisateurs autour d’un pot convivial.
En conclusion, Marie Broutin a au nom de l’association rappelé l’importance de continuer à se battre dans le domaine du sport comme dans tous les autres contre les représentations, préjugés et actes sexistes et à promouvoir par des actions concrètes l’égalité femmes hommes. Le lien a été fait avec les évènements précédents organisés par l’association qui avaient déjà mis en évidence le chemin qu’il reste à parcourir et notamment l’intervention de Catherine Vidal « cerveau, sexes et préjugés » cité par Catherine Louveau, les évènements contre les violences sexistes et sexuelles, ceux sur l’accès de tous aux formations et sur les femmes dans l’espace publique.
Vous trouverez ci-après plusieurs liens évoqués lors de cet évènement.
- Article dans le monde diplomatique de Catherine LOUVEAU https://www.monde-diplomatique.fr/2000/10/LOUVEAU/2465
– Témoignages de sexisme, d’homophobie, de transphobie en sport : payetonsport.tumblr.com
– Article du journal « Marie claire » Stop au sexisme dans le sport
https://fr.search.yahoo.com/search?p=collectif+contre+les+violences+sexistes+dans+le+sport&fr=ipad
– Isabelle Demongeot : documentaire « Viol, elles se manifestent », diffusé le 25 novembre 2012 sur France 2 ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Isabelle_Demongeot
– Affaire Nassar , responsabilité du comité olympique des USA : https://www.ouest-france.fr/jeux-olympiques/affaire-nassar-un-rapport-pointe-la-responsabilite-du-comite-olympique-des-usa-6123267
– Charte olympique : https://cnosf.franceolympique.com/international/fichiers/File/CIO/Charte_du_CIO_/fr-olympic-charter(2).pdf (Article 50 mentionné)
– Observatoire de la laïcité : https://www.gouvernement.fr/observatoire-de-la-laicite
- Marches exploratoires : http://www.ville.gouv.fr/IMG/pdf/sgciv-guidemarcheexploratoire.pdf